31 juil. 2025
Rémi Bazille
5 Minutes
5 approches pédagogiques qui dynamisent vos formations

En France, le secteur de la formation connaît une dynamique soutenue, portée par l’innovation pédagogique et l’évolution des attentes professionnelles. Les responsables d’apprentissage, qu’ils soient issus d’organismes de formation ou de départements RH, cherchent sans cesse la formule optimale pour répondre aux besoins variés des apprenants. Comment intégrer les méthodes qui fonctionnent réellement et quels outils mettre en place pour stimuler l’attention ? C’est ce que Mentore vous propose d’explorer.
Choisir une stratégie pédagogique : un enjeu décisif
Les approches pédagogiques influencent directement la façon dont un individu assimile un savoir ou un savoir-faire. Dans un environnement économique marqué par des reconversions fréquentes et une volonté d’améliorer la compétitivité, investir dans des dispositifs de qualité devient prioritaire. En 2021, la DARES (source : DARES 2021) a par exemple souligné l’importance de l’adéquation entre les modalités de formation et les profils professionnels.
L’ingénierie de formation, pour sa part, vise à construire des parcours cohérents afin de rendre l’apprentissage plus efficace. De la définition des objectifs à l’évaluation finale, chaque étape doit être réfléchie selon des principes pédagogiques adaptés. Il existe plusieurs cadres méthodologiques, et chacun présente des avantages ainsi que des limites. Les critères de choix incluent le contenu à transmettre, le profil des participants, la durée disponible et les ressources techniques ou financières à disposition.
Par ailleurs, le responsable formation se doit de revisiter régulièrement ses pratiques. Les retours d’expérience, tout comme les évolutions sectorielles, influencent le choix d’une approche ou d’une autre. Il n’existe pas de recette figée : chaque méthode est modulable et gagnera en efficacité si elle est ajustée en continu.
Origines et définitions : trois dimensions majeures
Pour mieux cerner les différentes méthodes existantes, le pédagogue Philippe Meirieu propose trois grandes catégories (source : Meirieu) :
Les courants éducatifs : ils regroupent des approches qui s’opposent ou se complètent (traditionnelles, renouvelées, participatives).
Les types d’activités d’apprentissage : comme l’apprentissage programmé ou l’initiation globale à la lecture.
Les supports spécialisés : ils servent à mettre en pratique un concept dans un contexte précis, notamment grâce à des outils concrets.
Chaque méthode se nourrit de ces trois perspectives, en puisant dans un socle théorique (values, recherches scientifiques) et des pratiques de terrain. Des dispositifs inspirés de la psychologie cognitive voient régulièrement le jour, afin de varier les approches et mieux cibler certains publics. En France, cette pluralité est encouragée par des politiques de formation continue qui laissent une relative liberté de conception aux organismes et formateurs.
Qu’il s’agisse d’un cycle universitaire ou d’une formation en entreprise, l’important est de composer un programme cohérent avec des objectifs précis. Lorsque ces objectifs changent, ou quand le public évolue, la méthode pédagogique doit être ajustée. Voyons maintenant cinq grands exemples d’approches complémentaires.
Le format expositif : transmettre rapidement un savoir
L’approche expositive est fréquemment mise en œuvre lorsqu’il s’agit de diffuser un maximum d’informations en un temps réduit. Elle repose sur le principe d’un enseignement vertical : le formateur, détenteur d’un savoir précis, le dispense à un large public, souvent de manière unidirectionnelle (conférences, cours magistraux).
Ce modèle est très répandu dans l’enseignement supérieur. On l’observe aussi dans des séminaires d’entreprise où un expert partage ses connaissances sur un thème pointu comme la fiscalité française ou la gestion du stress au travail. Les retours d’expérience montrent que, pour capter l’attention, il est essentiel d’utiliser des supports variés (slides, illustrations, vidéos).
Grâce à son format, le dispositif expositif affiche certains avantages notables :
Un gain de temps et de moyens : un seul intervenant peut s’adresser à un grand nombre de participants.
Une organisation simplifiée : la préparation peut être réutilisée pour des sessions futures.
Néanmoins, cette structure peut engendrer passivité et lassitude s’il n’y a pas d’interactions régulières. Les apprenants risquent de décrocher, surtout si la session est longue ou dense. Évaluer l’impact réel sur la mémorisation nécessite alors d’y adjoindre des tests ou des quiz.
Le format affirmatif : consolider par la démonstration
La méthode affirmative se distingue de la précédente par le rôle central de la démonstration. L’exposé du formateur reste présent, mais il intègre une séquence pratique où l’enseignant montre l’exécution d’une tâche. Les apprenants se familiarisent ensuite avec ces gestes, à travers une reproduction directe ou des exercices guidés.
En France, on retrouve souvent ce principe dans les travaux dirigés à l’université ou lors de formations techniques en entreprise (par exemple, une formation sur la maintenance d’équipements industriels). L’intérêt ? Les participants acquièrent un savoir-faire au fur et à mesure que le formateur l’illustre concrètement.
Le point fort de cette approche réside dans la clarté du déroulé : chacun voit « comment faire », ce qui rassure ceux qui hésitent à poser des questions. Toutefois, les retours terrain soulignent deux limites fréquentes :
Absence d’évaluation formelle : le public suit la démonstration, mais un test supplémentaire est souvent utile pour valider la compétence.
Risque d’ennui : si les démonstrations sont répétitives ou trop basiques pour certains, l’engagement peut baisser.
Pour y remédier, le formateur peut varier les exercices et prévoir des activités complémentaires, comme des cas pratiques plus avancés.
L’approche interrogative : susciter la réflexion
Inspirée de la maïeutique socratique, cette méthode mise sur des questions ciblées pour amener l’apprenant à formuler lui-même une réponse. Le formateur agit tel un catalyseur, modulant son contenu suivant les réactions de son public. Concrètement, une question initiale enclenche un débat, puis de nouvelles questions affinent la compréhension.
Dans le cadre professionnel, cette démarche est très utile pour renforcer l’autonomie des stagiaires. Par exemple, un consultant en organisation peut proposer à un groupe de managers d’analyser les goulots d’étranglement dans une usine, uniquement via des questions ouvertes. Les managers explorent alors diverses pistes, confrontent leurs points de vue et aboutissent à des solutions plus robustes.
Les atouts de cette approche sont multiples. Les apprenants sont plus investis, car ils participent activement et se sentent responsabilisés. De surcroît, la mémorisation est facilitée par la découverte progressive d’un concept. En revanche, l’animateur doit bien maîtriser son sujet pour improviser et s’adapter aux réponses. C’est une méthode exigeante en temps, souvent plus adaptée à de petits groupes pour favoriser les échanges approfondis.
L’approche active ou la découverte par l’action
Couramment appelée « méthode de découverte », cette pratique est plébiscitée lorsqu’on veut développer la curiosité et l’initiative. L’idée directrice : l’acquisition des connaissances repose sur l’expérience concrète et la recherche personnelle. Le formateur devient un guide, propose un scénario ou un atelier, et laisse de la marge aux apprenants pour explorer eux-mêmes.
En France, plusieurs centres de formation spécialisés en informatique utilisent cette approche, notamment pour l’apprentissage de langages de programmation. Les stagiaires explorent un environnement de code, identifient des problèmes, testent des solutions et apprennent de leurs erreurs. La motivation s’en trouve généralement renforcée, car chacun progresse à son rythme.
Des études suggèrent toutefois que les débutants peinent parfois à structurer leur apprentissage si l’encadrement est trop léger (source : Revue Pédagogie 2022). Un accompagnement personnalisé reste donc important pour éviter la sursollicitation cognitive. Les formations dites « mixtes » (blended learning) combinent souvent l’approche active et d’autres méthodes plus classiques afin d’équilibrer autonomie et guidance.

L’apprentissage expérientiel : renforcer l’engagement et la réflexion
La dernière méthode repose sur la participation directe des apprenants. Souvent associée à des mises en situation réelles ou simulées, elle se veut immersive. Les étudiants ou stagiaires se plongent dans une activité qui les amène à pratiquer, puis à analyser leurs résultats.
Des écoles de commerce françaises privilégient ce dispositif pour des projets de groupe à vocation entrepreneuriale. Les participants doivent concevoir et lancer une mini-entreprise, tout en étant coachés par un enseignant. Cette démarche incite à la responsabilisation de chacun et aide à développer l’esprit critique. Les retours font état d’une mémorisation durable, car l’on se souvient mieux des expériences vécues sur le terrain.
En contrepartie, ce format n’est pas toujours adéquat pour des formations de courte durée ou lorsque les ressources matérielles sont limitées. Il nécessite une préparation logistique, un suivi rigoureux et un nombre raisonnable de participants pour garantir des échanges constructifs.
Outils pédagogiques : l’éventail des options disponibles
Une fois la méthode choisie, il convient de s’équiper des bons instruments. Les supports modernes influent grandement sur la qualité de la formation, et certaines nouveautés technologiques gagnent du terrain. D’après un rapport de France Compétences (source : France Compétences 2020), la digitalisation de l’apprentissage a fait un bond significatif ces dernières années. Voici quelques outils incontournables :
Supports visuels et interactifs : Les présentations interactives (tableaux numériques, slides animés) facilitent la compréhension grâce à des éléments dynamiques. Les vidéos permettent d’illustrer un processus ou de partager des témoignages. Enfin, les supports physiques (maquettes, prototypes) demeurent particulièrement parlants pour une formation technique.
Ressources auditives : Les podcasts et conférences audio permettent d’emporter le contenu pédagogique partout (transports, pauses déjeuner). C’est un format généralement apprécié par ceux qui manquent de temps ou qui souhaitent réviser un contenu déjà vu en présentiel.
Écosystèmes numériques : Les plateformes d’e-learning et les LMS (Learning Management Systems) rendent le suivi plus fluide : contenus centralisés, forums pour échanger, évaluations automatiques, etc. Les applications mobiles prolongent cet accès, stimulant l’apprentissage « juste à temps » où l’apprenant peut se former selon ses disponibilités.
Gamification : L’intégration d’éléments ludiques tels que points, badges ou classements aide à maintenir l’implication. Des entreprises françaises adoptent par exemple des jeux de rôles virtuels pour que leurs équipes commerciales puissent s’entraîner à négocier dans un environnement simulé.
Immersion et réalité virtuelle : Les casques VR ou applications de réalité augmentée permettent de recréer certaines conditions de travail ou de tester des actions dangereuses sans risque physique. Un secteur comme l’aéronautique ou la sécurité industrielle y voit un grand intérêt.
Critères de sélection pour un déploiement efficace
Plusieurs facteurs orientent le responsable formation vers un dispositif pédagogique spécifique. D’abord, il faut aligner la méthode et les outils avec les objectifs. Une formation qui vise des compétences manuelles imposera davantage de démonstrations et de pratiques. À l’inverse, un module sur la créativité valorisera l’exploration libre ou la résolution de problèmes complexes.
Ensuite, la composition du groupe d’apprenants est primordiale. Les effectifs, la diversité des niveaux, la motivation initiale ou la disponibilité influencent la faisabilité d’une méthode active ou l’intérêt d’une approche interrogative. Lorsqu’on traite un public de managers expérimentés, ces derniers peuvent se prêter plus facilement à des discussions poussées, alors que des débutants préféreront une structure guidée.
Le budget et la durée entrent aussi en ligne de compte. Par exemple, organiser plusieurs sessions en réalité virtuelle peut réclamer un investissement technique important, tandis que la méthode expositive demeure plus accessible financièrement. Enfin, l’évaluation doit être anticipée : faut-il valider un diplôme, un certificat, ou juste mesurer la progression ? Chaque outil ne délivre pas le même niveau de retour sur l’efficacité.
Les prochains repères pour votre formation
Les évolutions récentes du marché de la formation en France démontrent que la polyvalence est souvent appréciée. Miser sur une seule et unique méthode peut être limitant. Au contraire, un mix pédagogique – combinant par exemple exposé, ateliers pratiques, discussion et outils numériques – optimise la satisfaction globale et la mémorisation.
Certains dispositifs émergents, comme l’adaptive learning (qui ajuste le contenu selon les performances de l’apprenant) ou les classes virtuelles interactives, laissent entrevoir de nouvelles possibilités. L’objectif reste de mettre en place des sessions formatives utiles, stimulantes et réellement opérationnelles pour la vie professionnelle.
En tenant compte des spécificités de chaque méthode et des outils disponibles, Mentore encourage tous les acteurs de la formation à innover et à réviser régulièrement leur ingénierie pédagogique. Les retours post-formation et la collaboration entre formateurs et entreprises permettent de maintenir un haut niveau de qualité, dans l’intérêt des apprenants comme des organisations.